La tragédie a des temps, mais elle n’a pas d’époque. Selon son canevas immémorial, Paolo Assenza installera des oeuvres dans différents lieux de mémoire de l’institution (loge désaffectée de l’Aquarium, Monument aux Morts)
ainsi que dans des espaces restés sans histoire (Cour et Entrée du NIR). Ces oeuvres ont été pensées et réalisées spécialement pour ces lieux, pour les « occuper », les peupler, mais les peupler d’absences : d’ombres, de bribes de
livres, de débris d’hommes (noms, corps, visages) qui sont autant de minima anatomiques sans espoir d’identité.

Homo Videns affronte un thème résolument contemporain qui est le noyau dur de la poétique de l’artiste : la modification du champ perceptif de l’Homo Sapiens que l’image médiatique, envahissante, omniprésente, indigeste, remplit et bourre sans jamais l’assouvir. Fantasmes d’autodafés massés derrière la vitrine de la vieille loge en bois, portraits géants d’anonymes projetés sur les listes de « morts pour la France » et aussitôt balayés par le temps médiatique, bataillon de corps assis, dépecés, absents, coincés entre deux bâtiments qui mettent face à face un projet révolutionnaire et le béton le plus nu. Les installations in situ de Paolo Assenza donnent aux objets comme aux figures une discipline dans l’ordonnancement du nombre qui évoque irrésistiblement les compressions du pilon, le défilé militaire ou l’ordre systématique de l’élevage industriel. Ce travail sur l’ordre est avant tout un travail sur la fragilité
de l’homme.

L’École est italophile par tradition. Ce parcours monumental a vocation à y introduire l’art de l’Italie contemporaine.